L'autisme est un trouble neurodéveloppemental qui a longtemps été mal compris et stigmatisé. Au fil des siècles, des psychiatres et des chercheurs ont consacré leurs vies à étudier ce trouble complexe. Entre fausses croyances, et vraies découvertes, voici l'évolution de la connaissance et de la perception du TSA à travers l'histoire.
Le mot "autisme"
Créé en 1911 par le psychiatre suisse Eugen Bleuler, le terme autisme provient du grec autos signifiant « soi-même ». Bleuler utilise ce terme dans le cadre de ses études chez des sujets adultes atteints de schizophrénie, pour décrire chez ces derniers la perte de contact avec la réalité extérieure, le rétrécissement des relations avec l'environnement et le retrait sur le monde intérieur (repli sur soi). Ce terme apparaît donc au départ pour définir un symptôme d'une pathologie chez l'adulte.
Par la suite ce "repli sur soi" a été écarté des autres pathologies pour être observé seul, en tant que tel et éviter tout amalgame psychopathologique qui menait jusqu'alors à des prises en charges inadaptées.
Leo Kanner : La première description de l'autisme
Dans les années 1940, le psychiatre autrichien Leo Kanner a réalisé une étude pionnière qui a jeté les bases de la compréhension moderne de l'autisme. Dans son article intitulé "Les troubles autistiques du contact affectif" publié en 1943, Kanner a décrit pour la première fois les caractéristiques cliniques de l'autisme infantile précoce. Il a identifié des traits tels que les difficultés dans les interactions sociales, les comportements répétitifs et restreints, ainsi que des intérêts restreints.
Bernard Rimland : L'autisme comme trouble neurodéveloppemental
Dans les années 1960, Bernard Rimland, un psychologue américain, a contesté la théorie psychanalytique dominante selon laquelle l'autisme était causé par des parents froids et rejetants. Rimland a plutôt avancé que l'autisme était un trouble neurodéveloppemental avec des bases biologiques. Il a fondé l'Autism Society of America et a joué un rôle déterminant dans la sensibilisation à l'autisme en tant que condition médicale, et la déculpabilisation des parents concernés par le TSA de leur enfant.
Asperger, haut niveau : et pourquoi ces termes sont à laisser de côté :
L'autisme sans retard intellectuel, parfois appelé "de haut niveau", autrement connu sous le nom de syndrome d'Asperger, a été défini par Hans Asperger dans les années 1940. Asperger a observé des enfants qui présentaient des difficultés dans les interactions sociales, des intérêts restreints et des comportements répétitifs, mais qui ne présentaient pas de retard significatif du langage. Cependant, bien que le travail d'Asperger ait contribué à une meilleure compréhension de l'autisme, une partie sombre de son histoire tend à prendre ses recherches avec plus de recul.
Pendant la période du nazisme en Allemagne, certains médecins, dont Asperger lui-même, ont été impliqués dans des pratiques discriminatoires et eugéniques. Ils ont soutenu la politique nazie de stérilisation forcée et même l'euthanasie de personnes considérées comme "inaptes". Cependant, il est important de noter qu'il existe encore des débats sur l'étendue de l'implication d'Asperger dans ces actions et sur ses véritables intentions.
L'utilisation du terme "syndrome d'Asperger" a été remise en question en raison de son association avec le régime nazi. Certains ont fait valoir que le maintien de ce terme était inapproprié et excluant pour de nombreuses personnes autistes. En 2013, avec la publication du DSM-5 (Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux, 5e édition), le terme "syndrome d'Asperger" a été abandonné en tant que diagnostic indépendant et inclus dans la catégorie plus large du trouble du spectre de l'autisme (TSA).
Cette évolution dans la terminologie est le reflet d'une compréhension croissante de l'autisme comme un spectre de symptômes et de présentations variés, sans catégorisation de sévérité ou de potentiel. Reconnaissant que chaque individu autiste est unique, il est devenu important d'éviter les étiquettes qui pourraient exclure ou limiter la compréhension de la diversité de l'autisme. Ainsi, le terme "syndrome d'Asperger" n'est plus utilisé dans les classifications diagnostiques actuelles, qui préfèrent se concentrer sur le trouble du spectre de l'autisme dans son ensemble.
De nos jours ?
Il est essentiel de promouvoir l'inclusion et la compréhension des personnes autistes, en reconnaissant et en respectant leur diversité et leurs besoins individuels. La terminologie en évolution reflète cette sensibilité croissante et encourage une approche plus holistique de l'autisme, mettant l'accent sur les capacités et les forces des personnes autistes plutôt que sur les limitations, tout en promouvant un respect généralisé de leurs besoins et spécificités sensorielles.
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