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Indices du TSA chez l'adulte

Quand le doute lié à l'autisme est tardif, c'est très souvent lié aux fausses croyances et au stigma liés au TSA. Et ce qui n'aide pas à y voir plus clair, c'est les critères diagnostics qui peuvent pour certains paraitre très flous.


Alors voici quelques exemples concrets qui peuvent évoquer l'autisme chez l'adulte :


(Précision : ces traits ne sont en aucun cas des critères diagnostics, mais des exemples de patients qui peuvent vous aider à clarifier vos doutes, et vous encourager à questionner un professionnel)


Vous avez eu un épisode de crises à l'entrée du collège et/ou au cours du lycée.



L'autisme est quelque chose de très contextuel, et bien qu'on parle souvent des enfants autistes pour décrire les "indices" du TSA, la grande majorité des adultes détectés sur le tard décriront qu'ils se sentaient "moins autistes" enfants. Évidemment, sur le plan purement médical, ils n'étaient pas moins autistes, c'est simplement que le contexte autour d'eux amortissait certaines des difficultés liées au TSA.


Donc en général, chez les patients adultes qui ont eu une enfance "typique", sans traumas majeurs, et dans un environnement relativement sécure, l'arrivée au collège ou au lycée est allé de paire avec un accroissement brutal des charges et exigences de leur environnement, et donc une période de crises majeures et répétées qui auront pu être identifiées comme un burn out, ou un épisode dépressif.


Devoir changer de salle de cours, se repérer, mémoriser autant de visages que de matières, sur intellectualiser le positionnement face à chaque nouvel interlocuteur : c'est une charge mentale massive, épuisante, surtout quand elle survient du jour au lendemain.


Vous vivez vos conversations à l'avance, et les re-vivez ensuite


On parle souvent des "déficits en communication" des personnes concernées par l'autisme, mais je trouve le terme assez peu juste. En réalité, le TSA implique que les codes sociaux, et les normes d’interactions ne soient pas innées. Par contre, cela ne veut pas dire qu'un autiste est "moins bon" à communiquer... seulement que c'est une charge mentale inimaginable.


La plupart des autistes détectés à l'âge adulte ont le point commun de penser aux

conversations qu'ils vont avoir en amont. De vivre mentalement la scène en boucle, en épuisant tous les scénarios possibles de façon à avoir une réponse appropriée à chaque cas de figure. Que ce soit pour un coup de fil, un rendez vous, ou juste un papotage avec la boulangère : les conversations sont souvent répétées avant d'avoir lieu.


Et après ? La conversation est ruminée, digérée, avec souvent une analyse de ce qui aurait dû être dit ou fait pour que cela se passe mieux.


Oui, exactement comme un sportif de haut niveau qui visualise la compétition, puis la débriefe de façon exhaustive pour s'améliorer. À mon sens cela relève plus de la sur-intellectualisation que du déficit.


Il y a un grand écart entre ce que vous faites facilement, et ce que vous faites difficilement.


Depuis un jeune âge, vous observez que les choses faciles et les choses compliquées sont très disparates et peuvent paraitre "illogiques".



Une de mes patientes, par exemple, ne peut pas avoir de conversation superficielle (type small talk), cela lui déclenche des sensations de panique intenses, mais peut tenir une présentation complexe devant 600 personnes. Il s'agit pourtant de parler dans les deux cas, mais pour le cerveau autiste cela n'a rien à voir. Le small talk est perçu comme un grand oral de "normalité" et n'apporte absolument aucun bénéfice autres que le conformisme social : ce qui est sans intérêt et angoissant pour le cerveau TSA. Mais informer 600 personnes sur un sujet qui importe à ma patiente donne le sentiment à son cerveau de servir sa fonction d'accumuleur et partageur d'informations.


Questionnez vous sur la présence de ce type de disparités : peiner à avoir votre permis de conduire, peiner à répondre à vos messages dans un délai raisonnable, mais des facilités à mémoriser des infos complexes, ou à comprendre le fonctionnement d'un logiciel ou outil compliqué ... (ce ne sont que des exemples)


Vous avez un rapport particulier à la température


Dans la liste des indices improbables, mais partagés par une grande majorité du spectre : il y a la température. Ne pas aimer boire ou manger des choses trop chaudes, ou au contraire ne supporter que des bains brulants ... Ne pas porter de manteau en hiver, ou dormir sous la couette en plein été ... Vous observez que parfois votre rapport au chaud et au froid varie de celui de votre entourage.


Le papotage et les discussions sont différentes pour vous



Parler de tout et de rien (small talk) peut être très incommodant en fonction de votre niveau de fatigue, mais en même temps, si on vous lance sur un sujet qui vous intéresse vous pouvez soudainement vous transformer en vrai pipelette. Il s'agit là (encore) d'un des grands écarts typiques de l'autisme. Comme on l'a dit plus haut, le papotage est un exercice angoissant et sans intérêt pour le cerveau autiste alors que le partage d'informations utiles ou intéressantes fait partie de ses compétences et fonctions principales.


C'est d'ailleurs souvent ce facteur qui peut compliquer la détection de l'autisme à l'âge adulte. Parce que les "vraies" conversations sont plaisantes, les patients ou leurs interlocuteurs médicaux tendent à ne pas identifier que le social peut être compliqué ou source de difficultés.


Si c'est tout vous, on fait quoi ?


Et bien déjà on ne panique pas ! Ce ne sont pas des critères diagnostics, mais des indices qui sont observables chez l'adulte autiste. Il est tout à fait possible d'avoir chacun de ces traits, mais qu'il vienne de votre vécu. Il est aussi tout à fait possible que ce soit un faisceau de preuves lié à l'autisme. Vous pouvez creuser cette piste avec des tests d'auto diagnostic (voici quelques options correctement fiables), vous pouvez aussi trouver un thérapeute ou psychiatre spécialisé dans l'autisme pour poser vos questions.

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