TDAH ou TSA ? Comment différencier quand les deux se ressemblent
- Florence
- il y a 4 jours
- 3 min de lecture
Dernière mise à jour : il y a 2 jours
Chez de nombreux adultes en recherche de diagnostic, une question revient fréquemment : suis-je autiste ou ai-je un TDAH (trouble de l’attention avec ou sans hyperactivité) ? Ces deux profils partagent certains points communs, mais reposent sur des mécanismes cognitifs et neurologiques bien distincts.
Clarifier cette différence permet non seulement d’éviter les confusions diagnostiques, mais aussi d’adapter l’accompagnement thérapeutique aux besoins spécifiques de chacun.
Des symptômes en apparence similaires
TDAH et TSA peuvent tous deux entraîner :
des difficultés de concentration ou d’attention soutenue ;
une impulsivité (verbale, émotionnelle ou comportementale) ;
des troubles de l’organisation ;
une intolérance à l’attente ou à l’ennui ;
un sentiment de décalage social.
➡️ Cette similarité explique qu’une co-occurrence soit fréquente : on estime que 30 à 80 % des personnes autistes présentent aussi des signes de TDAH (Leitner, 2014).
Mais des mécanismes différents
Malgré ces ressemblances, les causes profondes de ces symptômes diffèrent.
Le TDAH est lié à un dysfonctionnement des systèmes attentionnels et exécutifs, notamment dans la régulation de la dopamine et de la noradrénaline (Barkley, 1997).
Le TSA, quant à lui, repose sur une organisation cognitive spécifique : perception en détail, rigidité des routines, différence dans la cognition sociale, et surcharge sensorielle.
🧠 Exemple :
Un enfant qui interrompt la classe peut, en cas de TDAH, être simplement impulsif et distrait.
S’il est autiste, cette interruption peut venir d’un besoin de corriger une erreur factuelle (pensée littérale, besoin de cohérence) ou d’un inconfort sensoriel.
Le rapport au temps et à la motivation
Dans le TDAH, le temps est souvent flou : procrastination (délai de latence du passage à l'action), hyperfocus sur des tâches plaisantes, difficulté à planifier (Barkley, 2001).
Dans le TSA, la relation au temps est souvent rigide : routines fixes, intolérance aux changements, panique face à l’imprévu. En cas de surcharge, un délai de latence du passage à l'action et observable.
➡️ Le moteur du TDAH est la stimulation ; celui du TSA est la prévisibilité.
Les intérêts et les stimulations
Le TDAH est marqué par une recherche de nouveauté fréquent et un besoin de stimulation variée.
Le TSA se manifeste plutôt par des intérêts spécifiques, profonds, parfois "envahissants" mais rassurants.
💡 Un individu TDAH pourra zapper d’un hobby à l’autre à la recherche de stimulation ; une personne autiste va creuser un même sujet jusqu'à atteindre un niveau de perception qui le satisfera, puis passer à un autre.
Et chez les femmes ?
Les femmes sont particulièrement concernées par les erreurs diagnostiques. Le TDAH féminin est souvent de "type inattentif", moins "bruyant" que chez les garçons. Le TSA, quant à lui, peut être camouflé par des efforts sociaux massifs (Lai et al., 2015).
➡️ Résultat : de nombreuses femmes reçoivent un diagnostic de TDAH… alors que leur fonctionnement est profondément structuré par des particularités autistiques, simplement à travers le prisme des intérêts changeants, et de la latence au passage à l'action.
Comment faire la différence ?
Voici quelques indicateurs distinctifs :
Fonctionnement | TDAH | TSA |
Attention | Fluctuante, distrait par l’extérieur | Focalisée ou dissipée selon l’intérêt |
Organisation | Désorganisé, impulsif | Structuré, rigide ou routinier |
Sociabilité | Impulsive, parfois excessive | Sélective, distante ou très codée |
Sens sensoriel | Moins marqué (sauf co-TSA) | Très souvent amplifié |
Intérêts | Changeants, quête de stimulation | Spécifiques, stables, rassurants même dans l'alternance des sujets |
En bref
Les deux profils peuvent coexister, mais leurs racines sont différentes.
Un TDAH évoque un besoin constant de mouvement, de variété, de stimulation.
Un TSA révèle une organisation particulière du rapport au monde, centrée sur la régularité, la cohérence, et souvent la protection sensorielle.
Si vous vous reconnaissez dans l’un ou l’autre (ou les deux !), il est essentiel de consulter un professionnel formé aux troubles du neurodéveloppement.
📚 Pour aller plus loin
Barkley, R. A. (1997). Behavioral inhibition, sustained attention, and executive functions: Constructing a unifying theory of ADHD. Psychological Bulletin.
Leitner, Y. (2014). The co-occurrence of autism and attention deficit hyperactivity disorder in children – what do we know? Frontiers in Human Neuroscience.
American Psychiatric Association. (2013). DSM-5 Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders.
Lai, M.-C., Lombardo, M. V., Auyeung, B., Chakrabarti, B., & Baron-Cohen, S. (2015). Sex/gender differences and autism: Setting the scene for future research. Journal of the American Academy of Child and Adolescent Psychiatry.
Merci pour ces éclaircissements ! Ayant été diagnostiquée pour les deux, pas toujours simple de s'y retrouver ^^'