Culpabilité & autisme : remettre les responsabilités à leur juste place
- Florence

- 19 août
- 3 min de lecture
Être autiste, c’est difficile. Et une part de cette difficulté repose sur deux notions essentielles : le contrôle et la responsabilité. Le cerveau autistique fonctionne avec un fort besoin de prévisibilité, d’anticipation et d’organisation. Quand le monde extérieur vient bouleverser ce cadre, c’est comme si tout était mis sens dessus dessous.
Mais ce n’est pas tout : de nombreuses personnes autistes assument une part de responsabilité qui dépasse largement ce qui leur incombe réellement. Elles se sentent coupables des réactions des autres, de ne pas avoir “fait assez”, ou de ne pas avoir “dit correctement”. Cette surcharge de responsabilité est une source majeure d’anxiété et d’épuisement.
Vous sentez vous souvent coupables des réactions des autres ?
Oui ! 😳😫
Non, c'est leur problème 🤷♀️
Culpabilité et responsabilité : un fardeau récurrent chez les personnes autistes
Des recherches récentes montrent que la culpabilité excessive est fréquemment rapportée par les adultes autistes, notamment ceux diagnostiqués tardivement. Une étude qualitative sur l’expérience émotionnelle des adultes autistes souligne que la culpabilité chronique et l’auto-blâme sont souvent liés aux difficultés de communication sociale et aux malentendus répétés (Moseley et al., 2019).

Par ailleurs, une enquête menée au Royaume-Uni rapporte que près de 70 % des adultes autistes déclarent ressentir régulièrement de la culpabilité ou de la honte dans leurs interactions sociales, même lorsque la responsabilité objective ne leur appartient pas (Griffiths et al., 2019).
Ces sentiments de responsabilité excessive sont également corrélés à des taux plus élevés de dépression et d’anxiété (Cassidy et al., 2014).
Autrement dit : beaucoup de personnes autistes portent un poids émotionnel qui n’est pas le leur.
Ce que vous contrôlez dans l'autisme
Comme l’arbre ne contrôle que sa croissance interne, vous contrôlez ce qui relève de vous :
vos intentions, vos mots, vos choix,
l’identification de vos déclencheurs et la mise en place de solutions adaptées,
la verbalisation de vos besoins quand c’est possible,
la bienveillance que vous vous témoignez.
C’est ce qui est à l’intérieur de votre cercle de contrôle.
Ce que vous ne contrôlez pas
Vous ne pouvez pas contrôler :
les choix des autres,
leur empathie ou leur curiosité,
leur capacité à écouter vos limites ou à respecter vos besoins,
leurs mots, leurs réactions, leur bienveillance.
Ces éléments appartiennent au cercle extérieur. Ils vous affectent, oui, mais ils ne sont pas de votre responsabilité.
Une responsabilité qui s’arrête à votre épiderme
Votre responsabilité s’arrête à ce qui sort de vous : vos mots, vos explications, vos limites exprimées. Si elles sont claires et bienveillantes, vous n’êtes pas responsable de la manière dont elles seront reçues.
Si un proche refuse de respecter vos besoins, c’est sa responsabilité. Si une remarque factuelle est prise comme une attaque émotionnelle, c’est sa responsabilité. Vous êtes impacté, bien sûr, mais vous n’avez pas à en porter la culpabilité.
L’outil pour clarifier : la cartographie des déclencheurs
Dans la Cartographie des Déclencheurs du Neurotype de l’Autisme chez l’Adulte – Révisée (CDNAA-R), nous travaillons justement sur ce qui est contrôlable : vos variables sensorielles, sociales, cognitives, temporelles, langagières. Mettre de la clarté sur ces déclencheurs permet de renforcer votre cercle de contrôle, d’adapter vos environnements et de réduire la culpabilité inutile.
Recopiez la liste des variables étudiées, et observez les chaque jour. Ce sont ces éléments là que vous pouvez limiter pour mieux vivre le quotidien, ceux là que vous pouvez controler.
Conclusion
Être autiste, c’est apprendre à faire la différence entre ce qui relève de votre cercle de contrôle et ce qui vous échappe. Cela ne supprime pas la douleur d’être incompris ou le stress d’un environnement chaotique, mais cela permet de vous alléger d’une partie de la culpabilité qui ne vous appartient pas.
Rappelez-vous : vos responsabilités s’arrêtent à votre épiderme. Ce qui dépasse, c’est à l’autre de le prendre en charge.
Bibliographie
Moseley, R. L., Gregory, N. J., Smith, P., Allison, C., & Baron-Cohen, S. (2019). A ‘choice’, an ‘addiction’, a way ‘out of the lost’: Exploring self-injury in autistic people without intellectual disability. Molecular Autism, 10(18).
Griffiths, S., Allison, C., Kenny, R., Holt, R., Smith, P., & Baron-Cohen, S. (2019). The Vulnerability Experiences Quotient (VEQ): A study of vulnerability, mental health and life satisfaction in autistic adults. Autism Research, 12(10), 1516-1528.
Cassidy, S., Bradley, L., Shaw, R., & Baron-Cohen, S. (2014). Risk markers for suicidality in autistic adults. Molecular Autism, 5(1), 3.




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