L’autisme et les routines : besoin vital ou rigidité ?
- Florence
- 7 juil.
- 2 min de lecture
Dans le regard sociétal, les routines sont souvent perçues comme des manies, des rigidités, voire des empêchements à la "vraie vie". Mais pour de nombreuses personnes autistes, les routines ne sont ni des caprices ni des obsessions : elles sont un besoin neurologique fondamental.
Une question de stabilité neurologique, pas de contrôle psychologique
Le cerveau autistique traite les informations de façon plus analytique, plus fragmentée, et souvent avec une surcharge sensorielle ou cognitive accrue. À cela s’ajoute une difficulté bien documentée à gérer l’imprévu et à anticiper les conséquences d’un changement contextuel (South et al., 2012).
Dans ce contexte, la routine joue un rôle de repère : elle structure le temps, réduit l’incertitude, limite les surprises et diminue l’effort adaptatif. Ce n’est pas un choix obsessionnel : c’est un moyen de régulation neurologique.
Le poids de la prévisibilité sur le système nerveux
Chaque nouveauté, chaque imprévu, chaque ajustement dans l’agenda demande une mobilisation intense des fonctions exécutives, du traitement sensoriel et de la planification. Cela génère un stress réel, mesurable, qui s’accumule rapidement.
Certaines études ont même montré que la simple anticipation d’un changement active des réponses de stress plus fortes chez les personnes autistes que chez les personnes neurotypiques (Neuhaus et al., 2014). Dans ce contexte, la routine est un abri, un amortisseur, un point d’ancrage.
Routines utiles vs routines figées : une distinction essentielle
Toutes les routines ne se valent pas. Certaines sont positivement structurantes (même aux yeux des professionnels de santé mentale) :
Prendre le même petit-déjeuner chaque matin,
Toujours suivre le même trajet pour aller au travail,
Se changer avant de dormir selon un rituel identique.
Ces rituels permettent au cerveau de se reposer sur des automatismes sains.
D'autres routines peuvent devenir figées sous stress, par exemple : vérifier 20 fois une information, refaire un geste sans fin, ou ne plus tolérer la moindre variation. Dans ce cas, ce n’est pas la routine en soi qui est problématique, mais l’environnement qui génère l’hypervigilance.
Les routines comme outil de bien-être
Accepter ses routines, c’est accepter son propre mode de fonctionnement neurologique. C’est arrêter de vouloir se plier à un idéal de flexibilité permanent, et reconnaître que chacun a droit à la prévisibilité.
Les routines permettent :
De réguler la charge cognitive,
De créer une zone de confort stable dans un monde changeant,
De sécuriser les temps de transition,
De préserver l’énergie mentale pour les imprévus réellement incontournables.
En bref
Les routines ne sont pas l’ennemi du développement personnel. Elles sont souvent le socle nécessaire à toute évolution.
Chez les personnes autistes, elles ne traduisent pas une rigidité émotionnelle, mais un besoin biologique de stabilité. Valoriser, comprendre et soutenir ce besoin est une clé pour mieux accompagner, et pour mieux s’accepter.
📚 Pour aller plus loin
South, M. et al. (2012). "Neuropsychological Functioning in Autism Spectrum Disorders". Neuropsychology Review.
Neuhaus, E. et al. (2014). "Impaired Social and Emotional Processing in Autism". Journal of Autism and Developmental Disorders.
Mais aussi les travaux sur les fonctions exécutives dans le TSA (Gioia et al., 2002).
Votre article met parfaitement en lumière que les routines, loin d'être de simples manies, constituent un besoin neurologique fondamental pour les personnes autistes. Cette perspective est cruciale pour comprendre l'impact profond de l'imprévu et la surcharge cognitive que cela peut générer, soulignant l'importance de la prévisibilité. Comprendre ces mécanismes est une étape essentielle, mais l'identification et le diagnostic précis de l'autisme restent souvent un défi complexe pour de nombreuses familles et professionnels. Pour ceux qui cherchent des outils d'évaluation fiables, l'utilisation d'une échelle diagnostique RAADS-R peut offrir un cadre précieux pour l'identification.